La tête dans les éponges
nous aurions
Dans le cadre d'une expérience, dite #leséponges, l'auteure projette de déposer des éponges rouges à l'intérieur de centres d'art contemporain, au point d'en développer une obsession, mais n'y parvient pas, au point d'en développer une fascination. Ce geste est-il réellement fondamental ? Pourquoi ? Pour quoi ? Pour qui ? Dans ce texte, l'auteure tente d'analyser #leséponges comme possible objet — littéraire, artistique, politique — et signe d'exposition.

« La fonction de l'art à notre époque n'est pas de satisfaire les sens,
mais de faire une recherche fondamentale dans l'art et la réalité »
Harold Rosenberg, La dé-définition de l’art

« bien fait = mal fait = pas fait »
Robert Fillioud

« Quand écrire c’est faire »
d’après John Austin

Une obsession peut conduire à dépasser le stade du simple ressassement et porter à l’action ; ceci est un document.

Une simple obsession peut conduire à dépasser le stade du ressassement et porter à l’action ; ceci n’est pas un document.

« La commissaire qui a raté sa vocation (aurait aimé être la commissaire de l’exposition mais le hasard de la vie l’a placée commissaire de la police) se grattera le dos sous l’élastique du collant. Elle l’avait un jour sollicité pour une histoire de rouges éponges ; il n’avait pas adhéré à cette minable introduction ; il avait refusé ; puis tenté d’expliquer la requête un peu spéciale ; alors expliqué mieux que même si ; elle était de plus en plus confuse ; alors il s’était levé ; alors qu’il avait tous ses cheveux encore à l’époque. »

Ceci serait l’histoire d’une auteure qui n’écrirait plus que des fictions à propos de rouges éponges.

« Aujourd’hui la commissaire m’annonce qu’elle a reçu une requête et que cette requête l’a déstabilisée et qu’elle doit jouer son rôle puisque commissaire elle est ; commissaire la pauvre elle restera. Aujourd’hui donc un fait étrange soumis par son adjoint jeune qui lui a soumis donc une question qui l’a fâchée. Voilà, elle peut maintenant m’annoncer qu’elle vient d’apprendre qu’un (ou une) individu qui déposerait depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois car l’affaire est tellement saugrenue que personne n’y a porté attention à ses débuts. Donc qu’un individu (ou une) déposerait des rouges éponges dans des centres d’art contemporain. Et donc la journée n’avait donc pas bien commencé. »

Drame d’une auteure exténuée par son inassouvi désir des rouges éponges exposées dans des centres d’art contemporain

« Cette situation de bafouillage ne facilitait pas l’exercice de leur respective profession, surtout lorsqu’ils devaient travailler ensemble. Cette situation de bafouillage n’a cependant jamais atteint l’efficacité de leurs collaborations, malgré quelques toujours énigmes : l’intrusion problématique de livres clandestins sur les rayonnages de quelques librairies parisiennes, l’apparition épisodique de rouges éponges à l’intérieur de centres d’art contemporain, la disparition allopathique d’une célèbre œuvre d’un non moins célèbre artiste minimaliste américain. »

qui se demande si une fiction artistique dans la réalité dans le cas présent littéraire pourrait déborder.

Art as possible as possible

Serait pas comme si l’auteure aurait déclaré vouloir . imaginer une expérience fictionnée . dépasser l’espace de la fiction . outrepasser dans l’espace du réel.

Présentement l’auteure avoue son incapacité à outrepasser l’espace de la fiction pour déplacer dans l’espace du réel. Des éponges comme vecteur d’exploration de nos espaces. Doute devant le geste à venir et fascination devant son incapacité à présentement. Art as possible as not possible. Obsession des éponges rouges pas déposées qui la conduit à dép_asser le stade de son simple ressassement et à déconstruire l’acte pas encore acté « Aujourd’hui elle a décidé de ne pas surtout ne pas s’acharner. Ne pas surtout malgré tout vouloir résoudre l’énigme en cours à surtout prix. Mais entendre cette obsession et cette fascination à propos des rouges éponges absentes et présentes. Tenter d’analyser le pourquoi d’une action annoncée qui ne se fait pas. Soulagement de la commissaire ».

Déborder comme b|ord

Rêver_

alors que dans l’espace réel des expériences ordinaires tout n’est pas très autorisé ni très probable ; après tout, qui a déjà vu affiché « interdit aux éponges rouges » à l’entrée d’un centre d’art contemporain ?

Tout possible dans l’espace d’une expérience fictionnée et même surtout in_cohérent.

Imaginer un panneau d’interdiction pour qui contesterait le droit d’entrée aux éponges rouges. Puis expédier l’autocollant aux centres d’art. Ne pas (exposer) coller, c’est déjà jouer le jeu. Ce qui n’est pas interdit est (implicitement) donc autorisé.

Apposer alors sans préalable accord un panneau d’autorisation aux éponges rouges dans ces lieux d’art. Dé(coller)nier, c’est aussi jouer le jeu. Ce qui (explicitement) n’est pas autorisé pas interdit non plus.

Proposer un panneau de non interdiction et de non autorisation, côte à côte. L’espace de l’art comme espace de liberté. Ce qui n’est pas autorisé est autorisé. Expérimenter l’espace de nos vies à l’échelle d’un lieu symbolique.

Serait l’histoire . d’une auteure . de textes à propos . de rouges éponges déplacées . plus que

l’histoire d’une auteure qui rêve de dép_oser des éponges rouges dans

Ce qui n’est pas autorisé n’est pas interdit non plus
Ce qui n’est pas interdit est donc autorisé
Ce qui n’est pas autorisé est donc autorisé.

Vu d’ailleurs ceci serait une histoire absurde

Se donner la possibilité du réel
Déborder dans les espaces de nos vies
Créer les nouveaux espaces de nos vies

où l’auteure qui n’en est pas à sa première opération artistique clandestine avouerait présentement toujours ne rien saisir au réel et à la réalité. D’ailleurs et d’ici, qui comprend au réel et à la réalité ? N’y a rien_tout à comprendre, tout_rien à redéployer. L’espace de nos vies est traversé par l’espace du réel et l’espace de la réalité. Comme s’employer sans ployer.

Ni autorisé ni interdit
A la marge
Osciller dans l’entre deux
Du si c’était vrai

Rêver plus

L’absence malgré l’obsession témoigne-t-elle d’un inatteignable désir ? Faudrait pas demander plus. Plus est interdit. Faudrait pas s’imaginer que parce que. Faudrait pas s’imaginer que parce que le désir.

Présentement l’auteure n’en pourrait plus de son désir des éponges_ mutant _éponges.

Ni artistique ni littéraire ceci serait . ou rien aussi . peut-être les deux à la fois . peut-être pas . ou

Op|érer une opération mathématique
Ajouter du réel au réel

histoire d’histoires nouées dans des espaces différents. Rien exposé. Exposé du rien. Aucune exposition ou rien que de l’exposition ou rien qu’une exposition.

document d’une expérience du rien. L’exploration de l’espace de rien, de l’espace d’une présence_absence dans l’Espace : le vrai, celui des trous noirs à l’intérieur duquel la matière n’existerait pas. Que du rien. Faudrait pas qu’on se réveille parce que c’est dangereux. Parce qu’il y a du RIEN et parce qu’il faudrait pas qu’on se réveille pas. Comprends RIEN ? Re|prenons les choses. Faudrait qu’on se réveille pas. Faudrait qu’on. Faudrait. Faudrait faux_vrai c’est ça le RIEN. Le faux dans le vrai et le vrai dans le faux. Et on voit RIEN.

Faut revendiquer de ne pas comprendre. Faut revendiquer le droit de ne pas vouloir comprendre ce qu’on nous dit et nous dit pas. Pas d’acc|ord je vous dis. C’est clair ? Non. Je vous dis que ça tourne pas rond. C’est pourtant clair. Regardez donc. C’est pourtant clair. Tout le monde en parle. On ne parle plus que de cela. Même que personne ne comprend RIEN : pourquoi on en est arrivé là. Comment on va s’en sortir. Y’a pas de quoi rire. Faudrait qu’on se réveille pas et on se réveille quand même. Y’en a qui revendiquent. C’est pas RIEN. C’est pas pour RIEN. Alors y’a de quoi rire Juste pour RIEN parce que pour le reste y’a pas de quoi rire. Juste pour revendiquer. Ahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha faudrait se forcer un peu . sans ça on risque gros . faudrait pas trop demander . allez on recommence . ah ah ah aha ha hah ahah a

Art as not possible as possible
 

Convoquer les espaces

Révélation pour l’auteure qui rêvait de dépasser les rouges éponges dans des centres d’art et qui expose déjà présentement dans le texte ! Présence du groupe nominal dans l’espace de la page comme signe d’absence. Lisibilité d’une invisibilité.

non exposition d’une exposition
exposition d’une non exposition
non exposition d’une non exposition
exposition d’une exposition
ceci serait

le document d’une opération artistique . qui n’a pas lieu . dans l’espace de l’art contemporain . dans l’espace de la littérature. Ont-il deviné ces lecteurs des fictions publiées à propos qu’ils à leur insu participaient à une opération clandestine dans l’espace du livre ? Illisibilité d’une visibilité.

l’histoire absurde dans laquelle l’auteure se pâme paume … Qui raconterait une

 

Quelques mots encore sous le blanc (cliquer dessus et ils apparaîtront) et puis rien. Ce texte est extrait d'un article proposé en revues qui n'a pas convaincu. L'auteure en déduit que #leséponges ne sont pas les bienvenues et va tenter de publier ailleurs ; puisque le jeu de l'opération artistique consiste à faire apparaître des éponges malgré, puisque l'expérience fictionnée questionne les possibles dans l'espace de nos vies, puisqu'il s'agit d'ajouter du réel au réel. Dans l'attente, elle offre aux lecteurs et lectrices la possibilité d'imaginer/rêver/activer la suite de ce texte … A moins qu'ils ne préfèrent patienter. Et vous, que choisissez-vous ?
Pour se tenir au courant des évolutions de l'opération artistique #leséponges, le mieux est de encore s'abonner à @artenexp sur twitter. Et vous, que choisissez-vous ?
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